Ce qu’on a appelé « Hirak » avait commencé avant mon retour de vacances. J’étais alors en France pour reposer ma carcasse après une année de travail ininterrompu. De là, j’observais avec attention mais en silence. Moi qui, généralement, lance les initiatives, je n’ai pas cherché à intervenir dans cette démarche dont les principaux héros sont nos jeunes. Nous n’avions pas le droit de leur voler la vedette. Et j’étais sûr qu’ils réussiraient là où nous avons échoué.

Notre génération doit se rendre, une fois pour toutes, à l’évidence : son seul rôle est de soutenir, aider, donner le souffle, faire part de ses expériences, faire avancer les choses.

Personnellement, j’ai passé l’essentiel de ma vie et de ma carrière à « former », « donner l’exemple », appeler à l’engagement, au service, à la gratuité. Appeler aussi à aimer ce merveilleux pays et s’attacher aux valeurs.

Mon plus grand bonheur est de voir aujourd’hui ces jeunes, qui sont devenus mes ami(e)s, prendre la tête de mouvements de réforme et inviter, inciter au changement, prendre des initiatives pour améliorer notre « vivre ensemble », aider les plus faibles et répondre à tous les besoins. Leur réussite est ma réussite. C’est aussi la réussite de notre société tout entière.

De retour au pays, j’ai décidé de passer, comme je le fais de temps en temps, une petite heure avec deux principaux acteurs de ce mouvement : Marwan Maalouf (Promo 2001) et Khattar Torbey (Promo 1993). J’avais besoin de faire le point, de partager avec eux mes craintes et mes soucis, mais aussi mes espoirs. J’avais besoin de savoir.

Après cette rencontre, je lançais une invitation à une conférence-débat pour le jeudi 17 septembre à 18h30 en la Salle Naoum Khattar du Centre sportif. Elle disait : Dans le souci de participer, chacun à sa manière, à cet élan populaire qui réclame le changement ... Dans le souci de laisser à chacun la possibilité de s’exprimer, de donner son avis et ses idées ... Et dans le cadre de l’engagement de notre famille jamhourienne dans la vie nationale ... Je vous invite à une rencontre avec Marwan Maalouf (Promo 2001) et Imad Bazzi, deux leaders du mouvement populaire, autour du thème : RÉFLEXION SUR LE « HIRAK ».

Ce jour-là, la salle était pleine. L’ancien ministre Ziyad Baroud était même là, au milieu de l’assistance. Imad Bazzi, roué de coups la veille, n’a pu venir, et c’est Khattar Torbey qui l’a remplacé. Après une petite présentation historique, le débat était engagé, un débat intelligent, civilisé et responsable, un débat passionnant qui a mis la lumière sur diverses facettes du mouvement populaire. Les échanges se sont poursuivis autour d’un café-boissons.

Allons-nous nous arrêter là ? Pas du tout. Un programme est en pleine élaboration pour poursuivre ensemble notre réflexion et apporter des solutions constructives aux problèmes insoutenables que nous vivons.

N’est-ce pas l’un de nos objectifs, voire notre devoir, de nous impliquer dans la vie de la cité ?

Nagy el-Khoury