Journée Champêtre "Jamhourôlac"

Date : 29/10/2017

Heure : 11:00

Lieu : Domaine de Tanaïl

L'innovation des journées champêtres fut champêtre cette fois-ci par excellence et nous a conduits « hors les murs », à Tanaïl, plus précisément. À l'issue d'une expédition en autocar qui nous a menés dans la plaine de la Békaa, nous sommes arrivés sous un soleil rayonnant et providentiel au domaine des pères jésuites. En effet, le carton d'invitation, affublé d'un bien joli dessin représentant l'église de Jamhour les pieds baignant dans un lac, image bucolique illustrant le thème Jamhourôlac, nous était parvenu avec une mention inquiétante : « se munir d'un parapluie ». Cette phrase aurait découragé plus d'un, mais « à coeur vaillant »… et les anciens de Jamhour ne sont point frileux et se sont regroupés dare-dare dans la cour de l'église de Notre-Dame de la Consolation, sous l'oeil bienveillant de l'icône médiévale turinoise de la Sainte Vierge et de son fils. La procession qui précédait la messe présentait en offrande les produits du terroir libanais ainsi qu'une plaque portant les noms des six pères jésuites, martyrs exécutés pendant l'occupation ottomane. C'est d'ailleurs en quelque sorte en dédommagement à cet acte barbare que fut octroyé le domaine de Tanaïl aux pères jésuites. Domaine qui, à l'époque, abritait un couvent et un orphelinat et comprend à présent l'école des métiers, un observatoire, un domaine viticole, une ferme modèle, ainsi qu'un lac artificiel conçu pour irriguer les plantations bio du domaine.

Accueillis par des bénévoles d'arcenciel, nous avons savouré un casse-croûte appétissant et bienvenu, suivi d'une visite de la ferme, de la pépinière et de la station de tri des déchets. Encouragés aussi par le temps qui était au beau fixe, nous avons entrepris la promenade en direction du lac. À notre surprise, celui-ci avait bien rétréci en raison de la sécheresse qui sévit depuis l'été. Preuve éclatante du dérèglement climatique ! Nous avons pu ainsi parcourir à sec une grande partie du lit argileux et écaillé du lac avant d'arriver au seuil de la petite maisonnette abritant les oies et canards. Ces bestioles, quoique bien « élevées », nous ont démontré leur tempérament revêche en détalant à notre vue et poussant de hauts cris rauques et effarouchés, ameutant les gardes qui vinrent illico se ranger dans leur camp en nous priant de rebrousser chemin. Le déjeuner a été servi au restaurant Al Khan al Makssoud d'arcenciel. Un repas typiquement libanais avec mezzés, taboulé, grillades et même une hrissé bouillonnante, trônant dans une marmite géante pendue à une crémaillère surplombant un feu de braise. L'arak, qui sied bien à ce genre de table, coulait à flot, et le repas était animé par un chanteur talentueux qui a égrené les chansons populaires libanaises. Les rythmes de dabké ont réveillé la fibre nationale et festive des invités, et bientôt, une farandole joyeuse se formait dans les allées séparant les tables. Les enfants ont eu aussi leur lot d'animation avec des piñatas et des jeux de zoom que le secrétaire général de l'Amicale, M. Nagy el-Khoury, a eu le don de ressusciter pour l'occasion. Après le dessert de fruits, servi sur une charrette de quatre saisons et comprenant des loukoums écrasés entre deux biscuits Marie, faisant office de madeleines de Proust nationales, nous nous sommes retrouvés à l'Ecolodge pour la prière du soir. L'Ecolodge est une sorte de village surgi des temps anciens, construit entièrement en torchis et blanchi à la chaux à la manière d'autrefois. Le confort y est rudimentaire mais s'accorde avec la préservation de l'environnement. Ainsi, c'est sous un mûrier revenu au goût du jour pour nourrir les vers à soie que nous avons entonné avec le père Dalmais le chant mélodieux et chargé d'émotion dédié à la Vierge Marie : « L'Ombre s'étend sur la terre ». M. Nagy el-Khoury nous a ainsi rappelé, brièvement et avec nostalgie, la tradition selon laquelle était donné « l'envoi » en fin de semaine des élèves des Jésuites sur la cour de la Vierge en chantant ce cantique, dans les rangs, face à la tribune du préfet de discipline.

C'est ainsi que, sur ces airs qui nous ont rappelé les temps d'autrefois, nous nous sommes séparés, à regret il est vrai, mais toutefois heureux d'avoir participé au succès de cette journée mémorable.

Bernard Tabib

Promo 1986